Et si on prenait le temps de regarder à quoi ressemblent nos vies à une époque où plus rien n’a de sens. On nous gave de télévision imbécile, on nous dit quoi consommer, quoi penser, de quoi discuter. Il y a entre nous et la réalité un nombre insensé de couches superficielles qui nous coupent complètement de l’essentiel. Tous les lundis, au bureau, les gens parlent de leur week-end en se racontant la dernière merde qui a fait le buzz. Rien que ces gens qui disent le mot buzz symbolisent à eux-seul ce que je veux essayer d’expliquer ici. Mais ça va pas se faire en 10 lignes, alors je vous invite à passer à table, le rôti est sur la table, les enfants dans la pièce d’à côté, vous allez rencontrer Frank Murdoch.
Réalisateur : Bobcat Goldthwait
Nationalité : Américain
Cast : Joel Murray, Tara Lynne Barr
Frank Murdoch a une vie de merde. Non qu’il est une personne qui a tout fait pour. Il n’est simplement pas adapté à son environnement. Mais quand l’environnement est la télé-réalité, un boulot sans intérêt avec des gens qui ressemblent à des Sims et qui partagent un même cerveau, des voisins qui n’ont aucune conscience que leurs actions bruyantes ont des conséquences, alors comment s’adapter ? Impossible, et Frank a fini par le comprendre. Ce n’est pas lui qui a quelque chose qui cloche, mais le reste du monde. Cioran disait : "Ne nous suicidons pas tout de suite, il y a encore quelqu’un à décevoir". Frank pourrait plutôt dire : "Ne nous suicidons pas tout de suite, il y a encore quelqu’un à dessouder". Que la croisade commence.
Ca nous est arrivé à tous de vouloir butter ses voisins qui font trop de bruit. Qui n’a jamais, en pleine insomnie à cause des connards du dessus, imaginé qu’il montait, armé un couteau Ikea démesuré ou d’une arme Syrienne pour une petite tuerie entre amis ? Et pour une tuerie réussie, notre établissement est heureux de vous offrir une bonne nuit de sommeil ! Oh, merci, c’est tellement chic de votre part. Qui n’a jamais rêvé de faire imploser l’abruti fini qui au cinéma, passe son temps à se goinfrer de pop-corn qui lui fera puer de la gueule pour le restant de ses jours, de coca dégueulasse ou à envoyer des textos à ses ahuris d’amis laissant une petite lueur qui vous vient directement dans l’œil ? Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de scénarios qui me sont passés par la tête pour me débarrasser de ce genre d’éléments. Et si cela m’arrive, je me dis que les autres gens qui vont au cinéma pour voir du cinéma ont dû avoir leur petit moment à eux dans leur tête. Je sens soudain de grandes perturbations dans l’ordre de la Force.
"Je veux tuer des gens qui méritent vraiment de mourir"
Mais Frank a choisi de ne plus tolérer tout cette merde. Cette télé qui nous balance des conneries et se moque des plus faible pour divertir les autres. Cette radio qui nous impose ses pensées politiques vulgarisées, ses émissions qui mettent en star d’un seul été des pouffiasses souvent mineures qui seront alors foutues pour le reste de leur vie minable. Cette histoire se déroule aux Etats-Unis, mais croyez-moi, elle aurait été toute aussi crédible en France. Ici aussi, l’embarras du choix aurait donné à Frank quelques migraines. Que Dieu bénisse l’Amérique ? Honneur à Frank, ça fera moins de boulot pour Dieu.
"On ne peut pas que bien aimer Alice Cooper, on ACCEPTE Alice Cooper"
Alors lancé dans son périple meurtrier contre tout ce qui gangrène ou empoisonne l’esprit de l’Amérique, Frank va faire la rencontre de Roxy, une jeune lycéenne qui ne tardera pas à faire équipe avec lui, formant ainsi un duo à la Bonnie et Clyde. Ils vont alors sillonner les Etats-Unis avec en ligne de mire l'ignoble émission de télé-réalité American Superstarz. Sur la route, ils enchaîneront les motels, ce qui nous permettra de mieux les découvrir et de jubiler avec eux. Roxy est surement différente. Elle est intelligente, voit les choses avec réalité, et déteste les gens qui se tapent dans les mains en se disant "top là". Comme tous les gens qui disent toujours "en fait", ou qui utilisent de manière abusive le mot "littéralement". Pour apporter ma pierre à cet édifice déplorable, je rajouterais les gens qui disent toujours "c’est ça" ou encore ceux qui font précéder tous leurs adjectifs par l’insupportable mot : "juste". Mais si, regardez : "ce nouveau resto, il est juste génial". ARRRRGH! Donc on ne peut que se ranger de leur côté, et se demander pourquoi on n’a pas fait plus tôt ce qu’ils nous montrent là… ah oui flûte, c’est illégal, et y’a la loi, et la morale et toutes ces choses. Mais vraiment, on jubile, du début à la fin. Car tout ce qu’ils vont faire, on a tous rêvé de le faire un jour. Et que Dieu bénisse l’Amérique.
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