C'est aujourd'hui que sort le dernier film de Gilles Perret, le réalisateur qui était déjà aux manettes des films comme La Sociale, Les jours heureux ou encore Ma Mondialisation. Cette fois, le réalisateur revient avec un film sur Jean-Luc Mélenchon tourné à ses côtés pendant la campagne présidentielle Française de 2017. On entend déjà les loups hurler entres-eux mais pendant ce temps, les avant-premières s'enchaînent et remplissent toujours les salles.
Avant de parler du film, je voudrais venir sur un point. Parmi les quelques cinémas qui ont décidé de ne pas diffuser le film, un cas est sorti du lot de par son côté grotesque. C'est devenu viral sur les réseaux sociaux au point que certains grands médias en ont parlé ou on invité le réalisateur de L'Insoumis pour évoquer cette histoire, entre autre. Il s'agit du cinéma de Marseille Les variétés et de son dirigeant Jean Mizrahi. Le cinéma avait programmé l'avant première il y a belle lurette, mais 8 jours avant, ce monsieur Mizrahi a décidé de tout annuler sous prétexte qu'il n'avait vu que la bande-annonce et qu'elle semblaient être celle d'un documentaire de propagande chevronné. Double erreur. Car à notre époque, toute censure produit immédiatement l'effet inverse de celui recherché, mais en plus, l'avant-première du film a quand même eu lieu mais dans un autre cinéma, le Pathé Madeleine. Et au passage, la notoriété du film a eu un coup de pouce supplémentaire. Je propose donc qu'on remercie la bougonnerie de Monsieur Mizrahi qui par ailleurs ne fait pas preuve d'une très grande retenue dans la virulence de ses propos anti-Mélenchon sur les réseaux sociaux. Ceci explique peut-être cela.

"On dirait un uniforme de l'Armée Rouge, de quoi j'ai l'air ???"
Alors voilà , le film commence et nous promet de nous faire découvrir les coulisses de la campagne de la France Insoumise et de son candidat. Et on se rend compte d'un truc très vite : Mélenchon est drôle :). Oui oui, ça change des plateaux TV où les journalistes exécutent leur plan pour généralement le démolir plutôt que de lui demander ce qui se trouve dans son programme. Mais ça, c'est devenu une tradition. D'ailleurs, des gens qui votent à droite ont fait le même constat, c'est unanime maintenant.
Une des premières scènes se déroule le 5 février 2017, le jour du double-meeting en hologramme entre Lyon et Paris. On y voit Jean-Luc Mélenchon essayer des vestes pour voir laquelle est la plus compatible avec la technologie de l'hologramme.
"Je suis la mangouste et lui l'cobra"
On le découvre aussi dans son QG de campagne en train d'évoquer certains personnages des médias qui n'ont qu'un but en l'invitant sur un plateau : le démolir. Ou d'autres passages avec son entourage comme Alexis Corbière, Bastien Lachaud, Sophia Chikirou ou encore Manuel Bompard et Lise Maillard. Le passage très intéressant est celui au moment de la campagne où dans les sondages, les courbes se croisent entre Hamon et Mélenchon. C'est à dire qu'Hamon s'écroule et Mélenchon décolle passant de 10% à 15% puis 18% d'intentions de vote, à un moment où encore un français sur deux ne savait pas de manière certaine pour qui voter.
La salle rigole aussi beaucoup au moment où, toujours dans le QG, autour de ces tables qui font penser à des tables d'école, ils découvrent que Monsieur Macron a parlé de la Guyane en tant qu'île. Et des moments pareil, qui mélangent discussions de stratégie politique et passages plus légers, il y en a quelques autres que je vous laisse découvrir en étant sûr que même une personne de droite se laisserait aller à rire de bon cœur.
"Le prochain sur la liste, c'est Monsieur Fillon, c'est plus compliqué."
Le passage qui n'a le plus marqué à été cet échange avec un ouvrier du chantier naval. A la fin de sa visite, cet ouvrier vient le voir pour discuter et Jean-Luc Mélenchon lui donne le triangle rouge qu'il porte tous les jours. Ce triangle représente la mémoire des déportés opposants et prisonniers politiques des nazis mais aussi la revendication de la journée de 8 heures de travail pour 8 heures de loisirs et 8 heures de sommeil. En réponse, l'ouvrier en question donne son casque de travail à Mélenchon, geste hautement symbolique.

Alors il y a bien d'autres choses comme des discussions dans les nombreux trajets en train qu'impose une campagne avec un rythme de meetings effréné. Il y a ces contrôleurs de la SNCF qui veulent leur selfie. Il y a les coulisses du grand débat de TF1 où Mélenchon dit à Ruth Elkrief qu'il aurait pu lui bordéliser son plateau tellement c'était devenu instable ! On découvre aussi cette autre relation qu'il a avec les médias, comme avec Élizabeth Martichoux qui vient l'interviewer dans son QG pour RTL.
Et puis la campagne avance, de meeting en meeting, Paris, Lille, Marseille, Toulouse et enfin le soir du 21 avril 2017 arrive. Toute l'équipe de campagne est réunie dans la chambre d'une auberge de jeunesse. L'espoir est bon, la victoire palpable, mais on connaît la fin de l'histoire. Le deuxième tour se fera entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais comme d'autres l'ont dit avant moi, c'est comme dans Titanic : on a beau le revoir encore et encore, on a toujours l'espoir que ce bon vieux Jack ne finira pas dans abysses glaciales de l'océan Atlantique.

Mais ce sont surtout les points du programme de la France Insoumise qui remontent à l'esprit à ce moment-là pour qui les a lu et étudié. Car non, les 14 tranches d'impôt et le partage des richesses n'auront pas lieu. Non, la transition écologique et l'arrêt du nucléaire n'arrivera pas. Non, les gosses n'auront pas la cantine gratuite à l'école. Non, l'agriculture ne passera pas massivement au bio. Non les services publics en alerte comme l'hôpital ne seront pas renforcés. Non le SMIC ne passera pas à 1326€ net pour 35 heures. Non, tout ça n'arrivera pas.
Pour l’instant.
Pour conclure, qui que vous soyez, et quel qu'ait été votre vote en 2017, ce film vous intéressera car il est indéniable que la personne de Jean-Luc Mélenchon est toujours intéressante à écouter même si on est en désaccord total avec lui. Et puis surtout, pour rassurer les gens qui penseraient comme le monsieur Mizrahi du début de cette article, les salles ne sont pas remplies de drapeaux rouges ou de gens qui crient "Résistance" ou qui seraient venus avec des pancartes France Insoumise. Non, les salles sont remplies de gens de toutes sortes, de tout âge et de tous bords politiques. Si si, car j'ai bien écouté les commentaires des gens en descendant les escaliers qui nous ramenaient à la rue. Croyez-moi, une partie de ces gens-là n'ont clairement pas voté pour Mélenchon. Et pourtant ils sont venus voir le film. C'est comme ça, c'est aussi ça la France, on s'intéresse à tout, on étudie, on regarde, on lit, on apprend et on se construit, et ce jusqu'à notre dernier souffle. Il ne faut jamais l'oublier.

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