Réaction à chaud garantie avec un taux minimal de spoiler. Si on arrive à laisser de côté l’infernal mais habituel tapage médiatique et mercantile, on ne pouvait qu’être impatient de voir comment Hollywood allait bien pouvoir manœuvrer ce monumental engin qu’est Star Wars. Peut importe que celui qui finance soit Disney, Universal, la Hammerfilm ou Vincent Bolloré, l’avenir d’une des plus juteuses licences du cinéma est en jeu, soumise à nos appréciations passives de consommateurs. Alors, comment satisfaire tout le monde ?
Réalisateur : J.J. Abrams
Cast : Daisy Ridley, Adam Driver, Harrison Ford...
Nationalité : Américaine
Je suis ton père. La réplique culte de la saga résume à elle seule la situation de cet épisode 7, tant sur la forme que sur le fond. L’héritage de la saga est autant la force du film que l’insupportable poids qui pèse sur lui. Comme un enfant pistonné par un père génial, forcé de reprendre le flambeau avec tout ce que ça implique de fierté, de pression, de responsabilité et de remise en question.
Le film n’est finalement qu’une allégorie de cette situation. Autrement dit, le réalisateur fait un tour de passe-passe osé en ne prenant aucune direction claire parmi celles qu’on pouvait imaginer. Il accepte ses contradictions comme étant finalement son sujet central. En conséquence, à la sortie du film, les impressions se croisent et se contre disent.
Dans un premier temps, on a la sensation, légèrement désagréable, d’avoir assisté à un simple remake de l’épisode 4, agrémentés de clins d’œil de toutes sortes à l’ensemble de la saga. C’est pourtant parfois bénéfique, lorsque cela permet au film de s’ancrer dans sa mythologie. A la manière de l’univers d’un certain Tolkien, Le Réveil de la Force profite de son riche background, lance des passerelles entre les diverses époques, et élève certains personnages au rang d’icônes dont on ne parle qu’avec une mystique parcimonie.
Malheureusement, ça n’enlève pas l’impression de crouler sous les figures imposées où les clins d’œil se transforment en vraies redites, parfois pour des pans entiers du scénario, en plus fade évidemment.
Pourtant, malgré tout, la transmission semble s’opérer, discrètement. Les jeunes personnages, tous des novices, ont un bon capital sympathie. Fidèle au grand thème de cet épisode, on verra surtout leur façon de venir se greffer à l’Histoire de la galaxie, et leur réaction face à cette tâche. Leurs vies et motivations personnelles restent floues pour le moment, mais on sent bien le potentiel des questions soulevées de-ci de-là. Un peu frustrant, mais il faut bien poser les bases et les intrigues d’une nouvelle grande partie de la saga. Le pari est réussit, on a hâte que Rey, Kylo Ren et les autres prennent clairement le devant de la scène.
J.J. Abrams a déclaré regretter de ne pas réaliser l’épisode 8, et je comprends mieux pourquoi. Son sale boulot a juste été d’amorcer le virage vers quelque chose de neuf, de plus libre, un virage qui semblait impossible à prendre en respectant tous les paramètres. Il s’en tire d’une façon inédite à ma connaissance, en transformant sa problématique en sujet pour son film. Ses contraintes s’incarnent en Kylo Ren, adorateur du passé, grand ado jihadiste superficiel du côté obscur dont on pourrait parler un moment. A l’opposé, son désir de fraicheur et de nouveauté s’incarne en Rey, future jedi qui a tout à apprendre, à la foi humble et pleine de vie.
Cet épisode 7 était peut être inévitable, une transition dont la saga avait besoin. On en sort avec un certain goût d’inachevé, mais aussi avec des questions et des mystères à éclaircir, ce qui augure du meilleur pour la suite. Il fallait certainement prendre le temps de tuer le père pour s’en émanciper… Comme le dit à Rey une voix mystérieuse que les plus observateurs auront sûrement reconnus : ce sont tes premiers pas…
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