Cyril Pedrosa a sorti en septembre de cette année Les Equinoxes, mais c'est de son album de 2011 que je vais parler. Un chef-d'oeuvre a beau prendre de l'âge, ça reste un chef-d'oeuvre. Et je pèse mes mots. J'ai ouvert le bouquin hier soir vers 20h30 et je n'ai pu le refermer qu'une fois ses 260 pages tournées vers 23h00. Une plongée complète, tout mon être avait quitté l'appartement pour suivre la vie de Simon entre la France et le Portugal. Lisbonne, nous voilà !
Auteur : Cyril Pedrosa
Editions : Aire Libre
Alors déjà c'est un sacré pavé, on imagine facilement le boulot que cela a représenté. Ce colosse fait plus de 260 pages, doit peser 2 ou 3 bon kilos et coûte 35€. C'est une somme pour une BD me direz-vous, mais je ne pense pas qu'on puisse réduire Portugal à une BD. Déjà parce qu'une BD Franco-Belge fait 44 pages dans son format le plus traditionnel et puis surtout, vous ne pouvez assommer personne avec un Tintin. Alors qu'avec Portugal, pas de problème. Un mec qui fait chier dans le métro ? Bam, un coup de Portugal dans la tronche, ça détrône la méthode policière de l'annuaire : pas de preuve, pas de trace, pas de témoin. Mais revenons au bouquin et élevons notre esprit après être passé sur ce côté disons pratique et régulateur.
C'est l'histoire de la famille Muchat, ou Mucha sans le 't', on verra. Ils vivent pour la plupart en France et sont des immigrés portugais ayant fuit leur pays à la sale époque de la dictature de Salazar au milieu des années 1950. Dans cette famille, c'est très compliqué car ils sont nombreux. Tout part de Simon, le fils de Jean lui-même le fils d'Abel qui est donc le grand-père de Simon ayant immigré dans notre bonne vieille France. Mais le jeune Simon ne sait pas grand chose sur tout ça. Il n'a connu que sa grand-mère et préfère se soucier de sa figurine de Goldorak plutôt que de l'histoire familiale. Mais ça va vite le rattraper, car il grandit vite le petit Simon !
"Il parait que ça commence comme ça. Par les jambes. On croit que c'est la fatigue, le corps s'engourdit. Et puis le cerveau s'éteint. Paf, d'un coup. Et on est mort. Il ne faudrait pas s'endormir. Je ne sais pas... je sens... comme un vide en moi."
Et pof, le voilà grand ! Il vit avec Claire, sa copine. Il est dessinateur, écrivain, animateur dans les écoles, un peu tout, un peu rien. L'inspiration ne vient plus et sa vie lui semble vide, perdue et vaine. Il est une sorte de Duc, de Big Lebowski, à aller acheter du lait en peignoir au supermarché. Et ça casse les couilles de Claire, entre autres. Ils essaient d'acheter un nouveau chez eux, mais Simon s'en tape un peu, comme de tout le reste. La suite de l'histoire, on la devine bien vite. Mais un jour, alors qu'il s'enfonce un peu plus dans un nihilisme à la Cioran et dans la noirceur du côté vain de toutes choses, Simon est l'invité d'un festival littéraire à Lisbonne. Il y va, sans trop savoir pourquoi et redécouvre alors le pays de ses origines, ses couleurs, ses odeurs et surtout sa langue !
Et voilà que maintenant, sa cousine Agnès qu'il n'a pas vu depuis des lustres doit se marier avec un bourguignon. Manque de bol, Simon et son père Jean sont invités. Son père est un parisien accros à son boulot, mais ils se motivent et filent en bagnole rejoindre toute cette famille où on ne se voit pas, où on ne se parle pas, comme dans beaucoup. Et voilà comment démarre la recherche des racines de Simon. Une phrase par-ci, une question par-là. Comment savoir qui on est si on ne sait rien de l'endroit où l'on vient ? A l'époque, ça n’intéressait pas grand monde, et peu seront ceux qui pourront le renseigner. Alors un seul moyen : se rendre sur place, au Portugal, pour s'immerger dans ces lieux et ces ambiances par lesquels ses ancêtres sont passés avant lui. Vous l'aurez compris, tout ceci est un excellent prétexte pour dévorer ce bouquin et se plonger dans les merveilleuses aquarelles et lavis de Pedrosa.
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