Imagine qu’un inconnu te pose des questions sur ta manière de voir le monde. Qu’est-ce que la liberté pour toi ? Et l’amour ? Quel est le sens de la vie, et quel sens donnes-tu à la tienne ? C’est quoi le bonheur ? Que représente la nature pour toi ? L’argent ? Dieu ? Qu’y a-t-il après la mort ?
Et si on posait les mêmes questions à ton ami ? Ton voisin de palier ? Cette personne dans la rue ? Dans un autre pays ? C’est le projet de Yann Arthus-Bertrand et de l’association Goodplanet. Interroger des êtres humains de tous horizons, de toutes cultures afin de recueillir leurs témoignages.
Quand j’étais enfant, je m’amusais à imaginer la vie des gens que je croisais dans la rue. Celle-ci est encore en retard à son rendez-vous parce qu’elle a dû aller s’occuper de son voisin malade. Celui-là est très malheureux car il a perdu un être cher… Lorsque j’imaginais toutes ces vies, toutes ces émotions, ces aventures d’être humains, cela me mettait le tournis. Je me sentais toute petite sur cette belle et grande planète, remplie des milliards et des milliards d’histoires singulières de ces gens aimés par les uns, haïs par d’autres, tantôt joyeux, tantôt souffrants, pris dans moult difficultés ou sereins… Toutes ces différences et toutes ces similitudes ! Cela me passionnait !
Et bien 6 milliards d’Autres, c’est tout à fait cela, à la seule différence que les témoignages et les vies présentées sont bien réelles ! Et avec un titre pareil, j’ai forcément sauté sur le livre quand je l’ai croisé à la médiathèque...
Pendant cinq années, Yann Arthus-Bertrand et son équipe ont parcouru 75 pays et on rencontré plus de 5 000 personnes pour rassembler leurs témoignages, leurs expériences, leurs points de vues sur des questions fondamentales pour l’Homme, comme la vie, la mort ou encore la transmission. Cela a donné une grande exposition présentée au Grand Palais en 2009 (mais aussi dans de nombreux autres pays !) et l’édition de ce bouquin de quelques 320 pages. Ce dernier est devenu 7 milliards d’Autres en 2012 car, comme tu le sais, la population mondiale augmente à vitesse grand V.
Le livre est donc composé de multiples témoignages plus ou moins longs d’hommes et de femmes à qui l’on a posé la même question et qui partagent avec nous un petit bout de leur histoire, un petit bout d’eux-mêmes. La photo de la personne qui se confie est jointe à chaque fois. De ces visages inconnus et ces discours forts, il ressort un je-ne-sais-quoi qui nous ramène à notre condition humaine et à la valeur de la vie. Qui nous rappelle qu’il faut se respecter les uns les autres, car il est trop facile de distribuer la souffrance. Que de la différence naît la richesse. Et surtout, cela nous fait réfléchir sur nos propres vies et notre culture occidentale.
Voilà un ouvrage bien sympa ! Je pense qu’il est préférable de ne pas le lire d’un coup car le contenu est très dense et qu’il est intéressant de prendre un temps pour chaque témoignage. Mais l’avoir sous le coude, pour le feuilleter de temps en temps, c’est une bonne idée !
Je vous laisse avec quelques paroles prises au hasard dans le bouquin, histoire de vous donner un petit aperçu !
Je ne peux pas pardonner aux politiciens d’avoir choisi de faire la guerre, voilà, c’est ça. Parce que ça n’aurait jamais dû arriver. Si quelqu’un avait besoin d’un territoire, on aurait pu l’obtenir de manière pacifique, sans faire mourir les gens, ni les réduire en cet état de pauvreté et de désolation… Ce n’était pas utile, toutes les guerres sont inutiles. Tout le monde est perdant, il n’y a pas de gagnant. Ce sont les âmes innocentes qui ont payé. En quoi mon enfant était-il fautif pour qu’on lui prenne tout et qu’il se retrouve sans rien ?
Ljilja, Serbie
Ils ont tué mes deux frères sous mes yeux. Moi ils m’ont attrapée, ils m’ont frappée. Mais avant de me frapper, ils m’ont violée, et j’en garde des séquelles. Quand ils ont eu fini de me violer, ils ont voulu me faire boire un poison, mais certains les ont empêchés de me tuer si méchamment. Alors ils m’ont frappée avec un marteau. Mon handicap vient de ces coups. Ils m’écrasaient les seins, ils m’écrasaient le bas ventre, en disant « on va voir comment les Tutsies font quand elles mettent au monde ». De ça aussi je garde des séquelles.
Ernestine, Rwanda
Pour être franc, l’une de mes plus grandes peurs est de perdre mon emploi.
Mark, Irlande
La chose la plus difficile, c’est la sécheresse et la faim, comme l’année dernière.
Darabe, Tanzanie
Que faut-il pour être heureux ? Il faut une maison, un champs pour semer le maïs, il faut un bœuf ; si on peut planter, cultiver ce qu’on veut, alors on a le bonheur. Si on ne peut rien cultiver, on n’a pas le bonheur, on a le malheur.
Putali, Népal
A l’âge de treize ans je suis allée voir mes parents et je leur ai dit : « Je veux changer le monde . » Et quand j’ai dit que je voulais changer le monde, je pensais à la politique, à rentrer dans la politique. Et il me semble que, depuis, j’ai préservé cela, ce désir d’apporter un changement, de changer le monde.
Sarah, Israël.
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Commentaires
Merci à vous pour cette découverte. Cordialement, Remix42.
Ecrit par Remix42 le mercredi 17 mai 2017 à 16:18
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