Il fait partie de ces gens que j'écoute avec passion mais que je n'ai jamais lu. Un peu comme Jean d'Ormesson. Alors avec tout le foin qu'a fait son dernier roman Soumission, on ne peut plus tellement passer à côté. J'ai donc été acheter non pas l'intégrale Houellebecq mais un bon morceau. Et la question qui s'est imposée a été : par lequel commencer ? Je pensais attaquer avec Soumission, mais j'aime bien l'idée de commencer avec le moins récent. Et en plus, c'était le plus fin de ma brouette. Que l'extase commence.
Auteur : Michel Houellebecq
Et je ne dis pas ça par hasard. Un peu plus de 150 pages, c'est à dire deux grosses heures de lecture. Je ne prenais pas grand risque. Au pire, c'est lourd, pédant et pénible à lire car trop mondain. Je n'avais jamais rien lu de lui et c'est plutôt comme ça que j'appréhendais ses bouquins. Mais après trois pages, je réalise que je vais jubiler pendant 150 pages.
Mais le lit, entre tous les meubles, pose un problème spécialement, éminemment douloureux. Si l'on veut garder la considération du vendeur on est obligé d'acheter un lit à deux places, qu'on en ait ou non l'utilité. Acheter un lit à une place c'est avouer publiquement qu'on n'a pas de vie sexuelle, et qu'on n'envisage pas en avoir dans un avenir rapproché ni même lointain. [...] Les lits durent en moyenne bien plus longtemps que les mariages.
C'est vraiment très drôle, du début à la fin, et les gens autour de moi devaient se demander ce que j'étais en train de lire. Je prend le pari que ces sombres ahuris auraient été surpris si je leur avait révélé la chose. D'ailleurs, on ne peut plus être tranquille. Quand ce n'est pas un idiot qui crie ou qui fume (d'ailleurs remarquez que les fumeurs sont les seuls qui ne se prennent pas leur fumée dans la gueule), c'est un camionneur qui laisse tourner son moteur. Quand ce ne sont pas des mioches qui hurlent, ce sont des chinoises qui viennent s'asseoir tout près et qui jacassent. La mort seule solutionne ce problème, même si maintenant j'en doute.
Tout va tourner autour de la vie désabusée d'un informaticien qui traverse sa vie en la maudissant. Il est seul, mais c'est pas si grave. Il se sent inadapté à tout et l'époque le fait vomir. Au boulot, il doit supporter les gens qui s'adressent rarement à lui, et c'est très bien comme ça. La cigarette lui est indispensable, c'est la seule chose qui semble palier au vrai but de sa vie. Surtout qu'il va devoir partir à droite et à gauche en France faire des formations logicielles avec un connard de collègue qui passe son temps à reluquer des minettes de 20 berges. Oui, mais il est très laid, et finalement, c'est en costume noir qu'il est le mieux, même si ça ne l'aidera jamais. Bon enfin, je trouve que je rame pour raconter cette lecture. Je l'ai lu d'une traite, je vois mal comment on peut lâcher un bouquin pareil. Commencez-le si vous êtes sûr d'avoir deux ou trois heures devant vous. Et sinon, retournez regarder vos cassettes d'Edouard Balladur pour vous apaiser l'esprit.
...Le lendemain soir, il mit trois heures à se préparer. Je l'attendis en jouant aux dominos, seul, dans le hall de l'hôtel. Je jouais la main des deux adversaires à la fois ; c'était très ennuyeux...
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