Il y a parfois des noms qui vous suivent longtemps. Apocalyptica, j’étais ado et ils étaient déjà le groupe hors norme qui jouaient du métal au violoncelle. Aujourd’hui ils sortent leur huitième album studio et manifestement ils ont toujours à dire.
Le parcours de ce groupe finlandais est tellement atypique qu’on pourrait en faire un article. En bref, pour ceux qui débarquent, il est formé de 4 violoncellistes et d’un batteur. Avec ça, la formule adoptée a subit de nombreuses et parfois douloureuses mutatione. Le dernier album studio date de 2009, et on a eu droit dernièrement à Wagner Reloaded, un live conceptuel instrumental avec orchestre que tout amateur de métal symphonique ne devrait vraiment pas sous-estimer. Sur Shadowmaker, revoilà le groupe dans des conditions plus habituelles, à un gros changement près. Pour la première fois, un chanteur est engagé sur la quasi-totalité de l’album, là où pendant des années, les invités se succédaient au micro. C’est l’américain Franki Pérez (Scars On Broadway) qui s’y colle. Cela permet au groupe d’afficher une formule assez solide le temps d’un album. Cette stabilité, cette identité, on a parfois pu sentir qu’ils peinaient à l’obtenir, presque embarrassés par leur particularité pour pouvoir affirmer leur statut de groupe à part entière, avec sa propre route. Ça sera au moins une chose réussie sur Shadowmaker, solide et cohérent d’un bout à l’autre, et qui fait des choix assumés.
Cela ne ramènera pas les premiers fans déçus, ceux qui étaient adeptes des violoncelles épurés et minimalistes. Je ne saurais que trop leur recommander Wagner Reloaded, certes pas minimaliste du tout mais qui renouait avec le pur instrumental et les cordes dans tous leurs états. Shadowmaker repart sur une envie de faire du métal, influencé par l’alternatif et un peu de trash. Le morceau titre présente bien la chose, bien composé, et avec un long break jouissif de par ces accélérations et soli divers. On y constate également que Mikko Siren ne s’est pas endormi derrière ses futs et nous envoie quelques parties dignes d’un poulpe.
Surprise sur l’album final par rapport à cet aperçu, la saturation a été nettement diminuée. Il faut dire que l’intérêt des violoncelles finirait par être discutable. La singularité des sonorités ressort ainsi davantage et le mix est très bien fichu, variant légèrement la place de chacun en fonction du titre. Au niveau des compositions, c’est déjà bien moins singulier, ou même plutôt commun. Ceux qui veulent de l’énergie pure ou de la technicité apprécieront surtout les quelques morceaux instrumentaux, qui renoue assez avec l’époque des albums Reflection ou l’éponyme Apocalyptica. Till Death Do Us Part reprend un thème à plusieurs sauces pour un résultat assez classe, juste avant la conclusion.
Au-delà, Franky Pérez fait du bon bouleau, mais se tape surtout de l’alternatif sympathique mais pas révolutionnaire, qui manque de quelque chose, d’un petit plus qui aurait démarqué davantage Apocalyptica de la masse. Le niveau reste quand même supérieur et plus varié que beaucoup d’anciens titres du groupe avec des invités.
Cet acharnement à vouloir rentrer dans le moule finira par coûter à Apocalyptica. Pourtant, on profite des variations et des émotions provoqués par les violoncelles, ce qui donne toujours un résultat atypique. Attention de bien se procurer la version à 12 pistes, il existe une version standard où il manque 2 instrumentales, ce qui enlèverait encore de la puissance et de l’originalité à l’ensemble. Shadowmaker ne fera peut être pas l’unanimité mais peut aider à faire découvrir le groupe, et reste un disque bien fichu qui passe sans difficultés. Bien des groupes d’alternatif voudraient pouvoir en faire autant.
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