C’est d’abord une basse et un flow que j’ai entendu. Pourtant, La Canaille, c’était d’abord un chant communard, et La Nausée évoque surtout Sartre. Le ton est donné, mais pas les manières de ce groupe de rap pas ordinaire.
Membres : Marc Nammour, Marc Barnaud, Walter Paglani, Nicolas Rinaldi
Label : La Canaille
Troisième album pour cette discrète formation française légèrement engagée sur les bords. Enfin surtout sur un bord. En plus du DJ et de la voix, on y trouve une basse et une guitare, ce qui constitue déjà un point d’originalité. Le flow est clair, plaisant grâce à ce timbre grave et chaud qui est aussi un puissant marqueur d’identité du groupe. Aucun besoin de tendre l’oreille pour se laisser emporter.
Est-ce ce léger feeling rock qui me plait ? J’espère ne pas être aussi simple à convaincre. Quoi qu’il en soit les samples ne suffisent pas à créer une instru, la basse et le rythme ont un son limpide et profond, je ne me sens pas sur la planète rap telle qu’on la conçoit trop souvent, et certainement trop hâtivement. On peut aller de la simplicité avec Monsieur Madame jusqu’à des choses diversement plus complexes : Le Silence, Briller dans le Noir.
Les textes sont très mis en avant. Les thèmes ne sont pas surprenant mais méritent toujours d’être traités. En plus du contexte politique, on aura droit aux portraits d’un couple de riches capitalistes Monsieur Madame, à celui d’un SDF avec Omar, d’un bateau d’immigrés clandestins avec La sueur des Ombres, ou à une pensée plutôt équilibrée à propos de la misère sexuelle avec Pornoland. Mais heureusement le propos peut aussi se faire plus tendre, comme avec le personnage de Encore un Peu, ode à la vie si il en est, ouvertement inspiré par Serge Reggiani (dont je vous conseille Le Temps qui Reste, dans le même esprit, qui ne devrait laisser personne de marbre). Enfin, le trio « Redéfinition », « Le Silence » et « Briller dans le noir » est là pour ne pas s’apitoyer sur son sort et filer d’agréables coups de boost, empêchant ainsi l’album de sombrer dans un certain accablement.
C’est une agréable petite découverte, le genre de chose qui redonne de l’énergie. Les moins engagés lui reprocheront sûrement certains clichés, mais ils sont vites contrastés par une vision des choses assez humaniste et finalement pas si noire (ou rouge) dans le fond. La musique est bien faite, personnelle, sérieuse, avec des passages nettement plus accrocheurs que d’autres. J’écouterai certainement le début de carrière du groupe à présent.
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