On reste cette fois encore loin des ondes et des formats musicaux standards. Pourtant, voici de la musique qu’on ne doute pas avoir été faite avec les tripes. Beauté métallique au menu.
Membres : Mox, Jouch, Rico.
Autoproduction
Naïve est formé de 3 musiciens ayant déjà sévi dans le bouillonnant vivier de groupes toulousains. Sous cette entité, ils se sont attiré un certain succès critique mérité de la part de la presse spécialisée, grâce à un savant mélange de métal post quelque chose, de trip hop et d’électro, qui réussit forcément à attirer l’attention notamment lors des concerts. Voici leur troisième album, Altra.
Est-ce que ce patronyme peut être un qualificatif de leur musique ? A première vue, non, car l’atmosphère n’est pas à l’innocence, à la niaiserie. En revanche, ce que leur musique à de naïf, c’est cette constante recherche de l’émotion, de l’accord juste, au détriment de la technique ou de l’efficacité. Cette adresse directe aux sentiments, couplé au fait que le groupe joue sur des genres assez peu reconnus du grand public, pourra certainement en fermer l’accès pour beaucoup d’auditeurs. Cela s’appliquait déjà aux 2 premiers albums, et Altra n’y déroge pas.
Altra, pour peu qu’on y soit réceptif, donne l’impression que l’on sort à la fois d’une montagne russe et d’un massage, mais auditif. Ça secoue, ça détend, ça soulage, et on en redemande, mais pas tout de suite. Cette réussite est due à un bon équilibre et une bonne cohérence de l’ensemble, ce qui est un progrès pour Naïve. Les structures sont très étirées et jaugent les alternances à l’échelle de l’album. On passe du plus électro et éthéré à des parties bien saturées sans perdre le fil. Les parties métal bénéficient cette fois d’un son peut-être plus classique, mais efficace et puissant, ce qui permet au groupe de proposer quelques riffs bien sentis et quelques claquements de double caisse, ce qui n’était pas dans leurs habitudes. Pour autant, le chant se contente de se saturer artificiellement de temps en temps, mais n’atteint jamais de registre extrême. C’est ça, que du chant clair. Mais cette voix traînante et un peu désabusée est le vecteur majeur d’émotion, encore faut-il l’accepter au premier degré, sans recul, car tels sont ses textes et la musique qui l’accompagnent.
On peut trouver que l’album manque un peu de vrai temps fort par rapport aux autres sorties du groupe, mais en fait ceux-ci sont distillés de-ci de-là et assurent un tout un peu homogène, mais du coup, plaisant. L’électronique est sacrément bien mélangée au reste, s’intégrant à cette production aux petits oignons. Finalement, le paris est d’arriver à faire oublier la relative simplicité des airs et l’étirement presque outrancier de certaines plages au profit des émotions et des atmosphères qu’elles distillent. Preuve de talent, ça marche.
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