Quand on voit un mec déguisé en Napoléon qui marche avec une main dans le slip, on se dit que la déglingue littéraire n'est pas loin. J'ai contacté Romain Ternaux direct à la source et il a eu la gentillesse de me faire parvenir son Roman, quelle découverte ! Je crois que la meilleure image qui me vient à l'esprit pour décrire cette lecture, c'est une métaphore grotesque : on lit ce livre comme on dévorerait un cassoulet avec les doigts assis en tailleur dans la litière dégueulasse du chat.
Auteur : Romain Ternaux
Edition : Aux forges de Vulcain
Lorsqu'on ouvre L'histoire du loser devenu gourou, on sait qu'on va frôler la lecture boulimique, acharnée et passionnelle. Pas de grand chapitre, pas de section, rien. Tu ne respireras pas mon fils ! Il faudra lire, lire, lire. On mangera plus tard, on boira plus tard, on vivra plus tard. On n'aura plus rien à foutre du monde autour de nous. Tout le reste devra attendre, car pour l'instant, ce qui compte, c'est d'aller d'un bout à l'autre de ce récit écrit tout au présent.
Mais bon sang de bois, de quoi ça parle ? Très bonne question. C'est l'histoire d'un mec dont on ne connaîtra jamais le nom. Ce que l'on sait, c'est qu'il est complètement inadapté à ce monde. Il passe ses journées à picoler et se branler en pensant à sa voisine pendant que ses parents lui payent son loyer. Il essaie d'écrire mais y'a rien à faire, il faudra qu'il retente sa chance dans une autre vie. Le whisky et la bière sont là pour lui, sa Némésis. Pour lui comme pour personne, la vie est une pute. Il a quand même un ami Walter pour booster sa mythomanie. Et puis c'est tout, on a fait le tour.
Finalement, ce mec passe de son lit à ses chiottes en vomissant la vie le reste du temps.
"Allô ? Tu es là ? Papa et moi t'avons trouvé un emploi...merde. Il faut que tu te présentes demain dans le grand immeuble gris en face du parc municipal. Aucune qualification n'est requise."
C'est après ce coup de fil que sa vie va vraiment prendre un tournant. Dans cet immeuble, personne ne sait ce qu'il s'y passe. Le loser va devenir l'éboueur de service qui doit balancer les ordures de chaque étage à l'incinérateur du sous-sol. Pas moyen de prendre l'ascenseur, tu te taperas les escaliers pauvre tâche. La vieille merde qui joue le rôle de gardienne est à buter. La ruine n'en finira jamais. Mais le loser ne va pas faire ce boulot bien longtemps. Parce qu'à force de découvrir des sacs poubelle plein de capotes remplies, il finit par se demander ce qui peut bien se passer dans ce putain d'immeuble. Par accident, il croise trois filles dans l'ascenseur alors qu'il est couvert de merde et de crottes de nez (c'est une image, mais on y est). Et voilà que je vais devoir m'arrêter car je pense que vous commencez à en savoir un peu trop. La suite ? Le grand Bougaga attend au dernier étage avec sa carte de crédit. Et c'est pas une tête qui roule et un peu de sang sur la moquette qui vont nous arrêter là.
Comme je l'ai dit au départ, c'est une lecture boulimique. On s'en gave littéralement, on le boit à l’entonnoir, on rigole beaucoup, c'est souvent sale et tant mieux. La comparaison avec Bukowski est explicite, même si on sent clairement la jeunesse des mots par rapport au vieux chnoque Californien. Les scènes ne transpirent pas autant la poisse ou la saleté, on ne voit pas aussi clairement la fumée de clope dans l'appartement et on ne sent pas tout à fait l'odeur rance, mélange de gerbe et d'alcool qui coule. Mais c'est pas n'importe qui qui peut se permettre d'avoir la bouteille du vieux Bukowski. Cependant, la comparaison est une vraie flatterie. Et moi je suis ravi de cette découverte.
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